Bien que le séminaire « Vivre jusqu’à 100 ans » de la SOA se tienne aux États-Unis et que la majorité des participants viennent d’Amérique du Nord, j’ai estimé que la présence de participants internationaux pouvait être des plus profitables. Le Séminaire 2020 aura été à la hauteur des espérances.
En tant que spécialiste des produits de mortalité et basée en Allemagne, le plus intéressant dans ce séminaire était que chaque présentation et document de recherche portait sur le risque de mortalité. L’ensemble s’est donc avéré très pertinent pour mon travail de soutien aux clients internationaux de Gen Re dans le développement et la tarification des produits de mortalité.
Le large éventail de thématiques abordées et les nombreux débats soulevés m’ont époustouflée. J’ai appris à mesurer le processus de vieillissement au moyen d’une horloge épigénétique et à mieux comprendre la mortalité des personnes âgées en considérant la qualité et l’exhaustivité des données sur les décès des centenaires. J’ai été heureuse de me joindre aux discussions sur les limites de l’espérance de vie humaine et d’assister à des débats moins techniques sur les défis du vieillissement mondial et l’importance du capital social. J’ai trouvé particulièrement intéressante l’analyse des tendances de la mortalité aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et dans d’autres pays, des données que j’ai pu comparer aux enseignements de notre propre entreprise.
Le point de vue de Gen Re sur l’évolution de la mortalité
Cette vue d’ensemble de la mortalité dans de nombreux pays a permis de replacer le travail effectué par Gen Re en Allemagne dans son contexte, car bon nombre des problèmes identifiés étaient également présents dans d’autres pays et la gestion du risque de mortalité reste au cœur des préoccupations de toute compagnie d’assurance vie. L’année dernière, dans le cadre d’une étude exhaustive, nous avons analysé chez Gen Re l’évolution de la mortalité et les causes de décès sous-jacentes pour l’Allemagne.
Depuis plusieurs décennies maintenant, nous constatons une forte amélioration en termes de mortalité, en particulier chez les jeunes hommes. Plus récemment, à l’instar de nombreux autres pays d’ailleurs, nous avons observé un ralentissement palpable des améliorations quasiment tous âges confondus. La décomposition de l’évolution de la mortalité par causes de décès a montré que les maladies cardiovasculaires contribuaient massivement à ce ralentissement. La faiblesse des améliorations relatives aux maladies cardiovasculaires pourrait être liée à des facteurs de risque comportementaux, tels que l’obésité, le manque d’exercice et les habitudes alimentaires. Mais il est également possible que le potentiel d’amélioration des maladies cardiovasculaires soit tout simplement épuisé, en particulier au vu des fortes améliorations de la mortalité observées depuis la « révolution cardiovasculaire » des années 1970. On constate en outre un glissement vers des décès de causes non spécifiées, à l’origine d’une détérioration de la mortalité due à ces causes.
On observe notamment un glissement des décès dus aux maladies cardiovasculaires vers les décès dus au cancer, qui est aujourd’hui la première cause de décès dans la tranche d’âge moyenne des 20-69 ans. Son ampleur est particulièrement manifeste chez les femmes, où les cancers représentent 50 % de tous les décès en 2017. Toutefois, le développement de nouveaux médicaments et traitements continuera à être un moteur important de l’amélioration de la mortalité future, en particulier dans le traitement et la prévention du cancer.
En Allemagne, on observe une augmentation des décès par overdose et par opioïdes également, mais à une échelle bien moindre qu’aux États-Unis où le principal ralentissement des améliorations est rapporté chez les jeunes et les personnes d’âge moyen. Comme au Royaume-Uni, des facteurs saisonniers entraînent une hausse de la mortalité en Allemagne en raison de certains hivers singulièrement rigoureux ces dernières années. Cela pourrait expliquer le ralentissement de l’amélioration de la mortalité, notamment dans les tranches d’âge supérieures où le Royaume-Uni observe également une augmentation des décès dus à la démence et à la maladie d’Alzheimer.
Le Séminaire « Vivre jusqu’à 100 ans » permet aux participants d’échanger des informations sur des thématiques importantes liées à la mortalité, de discuter des théories générales sur les limites de l’espérance de vie humaine et de s’informer sur les études menées récemment au niveau des modèles de mortalité nous permettant de comparer la situation d’un pays à l’autre. Le Séminaire aura été pour moi une expérience vraiment passionnante et enrichissante - et j’espère vous voir nombreux lors de la prochaine édition dans trois ans !