Si les suivis n’ont que peu d’incidence sur certains de ces facteurs, en revanche pour d’autres, le plan d’actions mis en place après la guérison peut avoir une réelle incidence sur le risque de rechute.
Le « National Institute for Clinical Excellence » (NICE) a récemment publié de nouvelles recommandations à l’intention des professionnels de santé relatives à la prise en charge de la dépression chez les adultes. Sur la base d’une étude factuelle détaillée, ces directives prodiguent des conseils pour prévenir les rechutes dans un certain nombre de scénarios différents.
Ces préconisations soulignent l’importance d’une prise de décision concertée, tout en reconnaissant que les différences importantes en termes de pratiques et de soins ne sont pas toujours optimales.4
Préconisations fondées sur des données probantes dans le rapport du NICE
- Scénario n°1 – Dépression guérie avec un médicament antidépresseur.
Selon les directives, la poursuite du traitement avec un dosage efficace pendant une période de deux ans réduit de 50 % le risque de rechute, tandis que l’arrêt brutal augmente le risque de rechute et de symptômes de sevrage. Les problèmes à long terme potentiels associés aux antidépresseurs (par exemple, le risque hémorragique accru, les effets sur la fonction sexuelle ainsi que les difficultés de sevrage) doivent être pris en considération au moment de prendre cette décision.
Des examens réguliers (au moins tous les six mois) avec surveillance de l’humeur, des effets secondaires ainsi que des facteurs pouvant affecter le risque de rechute sont nécessaires.
Des préconisations détaillées relatives au processus d’arrêt des médicaments ont été établies, sans qu’il ne soit en revanche dispensé d’indications précises, au-delà du choix personnel ou de l’impact des effets secondaires. - Scénario n°2 – Dépression guérie, et la personne souhaite suivre une psychothérapie soit seule (les médicaments peuvent donc être arrêtés), soit en combinaison avec un traitement médicamenteux.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) (en particulier en groupe) ou la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (TCBPC) que ce soit seule ou combinée avec des antidépresseurs ont fait preuve des meilleurs résultats. Il est important que la thérapie s’attache plus particulièrement aux « compétences utiles pour prévenir les rechutes » et que des séances complémentaires soient proposés au cours de l’année. - Scénario n°3 – Dépression guérie avec un suivi psychologique uniquement.
Un suivi relativement bref est recommandé. Il consiste à passer en revue les situations et les comportements qui ont rendu la personne vulnérable, ce qui a été appris ou ce qui l’a aidé au cours de la thérapie, ainsi que la façon dont ces stratégies peuvent être utilisées à l’avenir. L’importance de l’identification des signaux d’alerte et d’une prise en charge précoce est également soulignée. - Scénario n°4 – Dépression guérie avec un traitement médicamenteux combiné à un suivi psychologique.
Les directives préconisent qu’une discussion soit menée dans un esprit de prise de décision concertée quant à la poursuite de l’un ou des deux traitements. Le résultat dépend des besoins et des préférences cliniques de la personne.
Les données factuelles relatives au rapport coût-efficacité de ces suivis sont moins évidentes. Les médicaments peuvent être relativement bon marché avec des examens de routine dispensés par les médecins traitants, tandis que les suivis psychologiques nécessitent l’intervention intensive d’un professionnel pendant une période prolongée. Le recours aux thérapies de groupe peut compenser ces coûts.5
Bien que les recommandations du NICE ne soient encore qu’à l’état de projet, elles constituent néanmoins une analyse rigoureuse et actualisée des données actuelles. Par exemple, on pense souvent que l’arrêt des médicaments constitue une étape positive. Si cela peut s’avérer être le cas, les faits démontrent parfois l’inverse. Lorsque l’on analyse les risques avec une approche biopsychosociale, la participation à des suivis psychologiques appropriés doit être considérée comme un élément positif.
Les gestionnaires sinistres doivent s’assurer que les assurés bénéficient de suivis fondés sur approche factuelle qui offrent les meilleures chances de guérison à long terme, que ce soit au niveau individuel ou par l’intermédiaire de prestataires offrant des services de réadaptation à leurs clients.
Notes de fin
- Depression in Adults: Prevention of Relapse, NICE guideline CG90 (update) evidence review C, Nov. 2021. https://www.nice.org.uk/guidance/GID-CGWAVE0725/documents/evidence-review-3. Dernière consultation le 28/12/2021.
- Depression in Adults: NICE guideline draft for consultation, Nov. 2021. https://www.nice.org.uk/guidance/gid-cgwave0725/documents/draft-guideline-4. Dernière consultation le 28/12/2021.
- Canadian Mental Health Association: Preventing Relapse of Mental Illnesses, 2011. Extrait de : https://www.heretohelp.bc.ca/sites/default/files/preventing-relapse-of-mental-illnesses.pdf. Dernière consultation le 28/12/2021.
- Ibid. note de fin n°1.
- Ibid. note de fin n°1.