Pour certaines personnes, la greffe d’organes est le dernier espoir. Leur vie peut être sauvée lorsque les médecins remplacent leurs organes et leurs tissus endommagés par des organes sains de donneurs décédés ou vivants. Des millions de personnes ont recouvré la vue grâce aux greffes de cornée. Les dons de valves cardiaques, de peau, d’os, de veines et de cartilage permettent de réparer les dommages causés par les brûlures et l’usure générale. Les mains et le visage viennent aujourd’hui s’ajouter à la liste des parties du corps humain qui peuvent être remplacées.
Cela permet d’augmenter le nombre de personnes possédant des antécédents médicaux complexes qui envisagent de souscrire une assurance vie. On associe très souvent la greffe d’organes au foie, au cœur, au poumon, au pancréas, au rein ou à une maladie grave du sang: des interventions qui nécessitent le plus souvent une évaluation des risques à assurer.
Pour garantir le succès d’une telle opération, la clé est de trouver un donneur compatible et de contrôler le rejet d’organe post-opératoire. Malheureusement, les taux d’infection, de rejet de la greffe et de décès sont bien plus élevés au cours des premières années et prédire les résultats à long terme n’est pas chose aisée. L’amélioration des techniques chirurgicales et des traitements immunosuppresseurs s’est avérée bénéfique, mais les résultats de certaines interventions, comme les greffes de poumon et cœur-poumon, restent décevants.
La prudence doit être de mise lors de l’évaluation des risques à assurer et l’évaluation des demandes prématurées doit être reportée jusqu’à ce qu’un pronostic plus fiable puisse être établi. Les effets des traitements immunosuppresseurs à vie ne peuvent pas être ignorés, pas plus que l’éventualité d’une nouvelle greffe. Malgré ces risques, de nombreux patients subissant une greffe voient leur qualité de vie s’améliorer. Par exemple, les personnes qui subissent une greffe du rein vivent mieux que celles qui restent sous dialyse, ce qui comporte un risque de maladie cardiovasculaire, d’hypertension et de diabète sucré.
De nombreux facteurs sont associés à la survie, notamment l’âge du patient et la cause originelle du dysfonctionnement de l’organe. Par exemple, les facteurs socioéconomiques peuvent avoir leur rôle. Le donneur ne doit pas être non plus négligé; les patients qui se font greffer le rein d’un donneur vivant survivent plus longtemps. Les personnes souffrant de leucémie, d’anémie aplasique et de thalassémie s’en sortent mieux lorsque le donneur est leur jumeau monozygote. Lorsque le pancréas et le rein sont greffés simultanément sur des patients atteints d’un diabète de type I et d’une insuffisance rénale en phase terminale, le résultat est meilleur et le risque de contracter une rétinopathie diabétique, une maladie rénale ou cardiaque est plus faible.
Les assureurs reçoivent également des demandes de souscription de donneurs de rein vivants. Pour ces personnes, le risque de décès post-opératoire prématuré (après 90 jours) est important, mais leur taux de survie et le risque de maladie en phase terminale est comparable à celui des non-donneurs. Une étude de long terme réalisée par Segev et al. (2010) ne montre aucun impact négatif sur la qualité de vie ou le taux de mortalité, et cela permet aux assureurs de proposer des assurances vie, maladie grave et perte de revenus à des conditions normales.1
La greffe est une solution efficace pour les personnes qui peuvent espérer démarrer une nouvelle vie après une opération réussie, sans toutefois négliger certains risques importants. La décision n’est pas facile à prendre compte tenu des probabilités de rejet et des effets secondaires liés au traitement. Malgré ces risques, la greffe est une chance de survie pour les personnes gravement malades et un acte d’humanité pour les personnes en bonne santé. Pour les assureurs, l’évaluation des risques reste complexe, mais de nouvelles preuves et de meilleurs résultats peuvent donner lieu à une amélioration des tarifs dans de nombreux cas, tant pour les patients que pour les donneurs vivants.
Notes de bas de page
- Segev et. al. (2010). Perioperative mortality and long-term survival following live kidney donation. JAMA, 10 mars 2010-Vol. 303, No. 10.